Il est des situations qui vous donnent envie de dire aux siens combien on les aime. De l'exprimer. Des insiprations qui vous font ressentir le besoin de répondre à cet appel, cet engagement dans l'action publique et positive... Une image, un souvenir, une odeur, une émotion, un son, un personnage.

Mardi 28 octobre, l'émission de France 2 en soirée dédiée à Simone Veil fut l'un de ces moments. Simone Veil, née Simone Jacob, ou l'hymne à la force, à l'humanité, au courage, à l'amour, à l'engagement politique et sociétal, à la fraternité, à la famille, aux juifs, à la France, à la mémoire, à l'action, aux femmes...

Tombé dans la marmite magique de l'empathie étant jeune, j'ai succombé à l'appel du lyrisme fraternel, adressant à ma soeur unique et cadette des mots d'amour, de tendresse et de vérité sur mon infaillible amour pour elle. Et seule l'heure tardive m'a empêché d'en faire autant pour mon père, ma mère et ma grand-mère.
A ressentir les émotions profondes et imaginer les malheurs de Simone Veil face aux drames de sa vie, je n'ai pu m'empêcher de me demander qui je serai sans ce miroir qu'est ma famille. Qui serai-je sans cette présence éternelle malgré les milliers de kilomètres, la mer et les frontières qui séparent l'Europe de l'Afrique, et la France du Sénégal où vit ma soeur ? Je ne sais pas. Je ne parviens pas à me l'imaginer. Aussi impossible que de parvenr à m'imaginer sans ma fille, ma femme, mes parents et ma grand-mère aujourd'hui.

Loin de cette pudeur, maladive pour beaucoup et qui nous empêche parfois (souvent ?) d'exprimer nos sentiments, j'ai saisi cette belle opportunité de lui exprimer les profondeurs de mon coeur.

"Je t'aime. Tu me manques" entre d'autres mots doux et directs, sans fard, sans artifice ni pudeur gênante.

En écoutant Simone Veil et en visionnant les pages cathodiques de sa vie (dans une pile, la cathode est l'électrode positive et pas négative ; beau clin d'oeil télévisuel n'est-ce pas ?), comment également ne pas s'investir des missions sociales, sociétales et humaines tel un philosophe en pleine cité antique ? Mais pourquoi remonter à si loin... Quand la fibre résonne au plus profond comme elle a du résonner chez Mme Veil, comment ne pas poursuivre sur ses pas ? Servir l'égalité, la liberté, la fraternité, les Hommes et la vie avant tout, coûte que coûte. Résister aux colères des bien-pensants, des cyniques, des accrocs au pouvoir stérile et personnel. Sans demander ni gloire ni démonstration de reconnaissance déplacée.

Quelle volonté. Quelle force...

Simone Veil est rescapée de la Shoah, haut fonctionnaire dans la magistrature avant de devenir Ministre de la santé. Elle a fait adopter la dépénalisation du droit à l'IVG, l'interruption volontaire de grossesse. Elle a été la première Présidente du Parlement européen. Plusieurs fois ministre sous divers gouvernements, et élue à l'Académie Française en 2008.

Quelle vie. Quel exemple...

Une inspiration. Une invitation à l'action, à la réflexion, à l'écoute de l'autre, au respect du passé pour mieux regarder devant. En toute humilité, en toute pudeur, mais sans fléchir.

Madame Veil : merci. Merci pour tout. Merci pour elles. Merci pour vous. Merci pour l'exemple que vous donnez.

Et pendant que j'y suis, sachez que vous avez et aurez encore fait sûrement beaucoup d'émules : et si tous ne passent pas à l'action publique, beaucoup ont sûrement, grâce à vous, élevé leur conscience sociale et individuelle, se sont questionnés sur leurs choix, leur raison d'être, leur motivation à agir, à résister aux épreuves de la vie, à partager et à croire en l'homme. Beaucoup aussi ont intégré des associations pour faire avancer la société dans le bon sens, humain, équitable, social... Beaucoup d'autres ont enfin revu à la hausse leur envie de vivre, de se réaliser et se dépasser pour quà la fin, ils puissent être non seulement fier de ce qu'ils ont fait de leur vie, mais surtout qui ils ont été dans leur vie.

Simone Veil, une vie, un destin, un écho...

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