L'indépendance de l'information est un mythe !

La dernière campagne présidentielle française a clivé plus que jamais les médias entre gauche et droite. Des deux côtés, la plupart des journaux, télévisions, radios et sites internet (dans une moindre mesure ?) se sont dressés en supports d'opinion pour tancer ou porter vers le haut le président sortant Nicolas Sarkozy et le candidat entrant François Hollande.

Plus que jamais, ma conviction s'est affirmée : il n'existe pas d'information pure et indépendante. Une ligne éditoriale est un parti pris et une ligne partisane de lecture de la société. Alors si tout est politique, tous les journaux sont partisans, plus ou moins tranchés et assumés. Si tout est communication, l'information n'est plus car une ligne éditoriale n'est-elle pas déjà une manière d'imposer une réalité telle qu'on la voit soi-même ?

Choisir de parler d'un fait plutôt qu'un autre... Selon un angle plutôt qu'un autre... Par tel ou tel journaliste... Peut-on encore parler d'information neutre ? Je ne crois pas. Mais ce sujet m'avait déjà valu les foudres de certains professionnels lorsque je trainais ma plume en école de journalisme à Paris...

Le journalisme rapporte une information neutre, contrairement à la communication qui serait de la publicité. La guéguerre n'en finira jamais. Mais je crois que les deux métiers tombent dans les mêmes travers.
La communication devient trop positive, trop marquée par les dirigeants (qui ont bien compris qu'il leur faudrait contrôler encore plus pour contrer les effets sauvages de l'ère web 2.0 et de la communication soi-disant interactive). On nous cache tout on nous dit rien sinon l'action baisse et les clients fuient...
Et le journalisme trop noir, trop fait divers oserais-je lancer. Moins d'investigation ? Dans l'ensemble oui car les pressions semblent de plus en plus fortes pour les journaux qui subisent les lois de toute entreprise. Mais alors quand on cherche, pourquoi ne pas chercher des deux côtés de la frontière ? C'est là où souvent le bas blesse... La règle de l'actualité est bafouée pour des raisons partisanes. Ainsi, une info connu depuis des lustres (re)parait en pleine campagne, pour faire du tort et orienter les votes. Une affaire pour l'un, un logement social pour l'autre, etc.
D'un côté les trains qui arrivent en retard, plongeant les fans français du 20h dans la dépression et la peur du lendemain. De l'autre, le train qui brilent et qui bat un record de vitesse.

A la limite, je trouve le système d'information des médias américains plus honnête : un fait, traité de manière factuelle, et avec des commentaires. On sait qui parle, de quel bord. Mais les faits sont moins "manipulés" et sujets à interprêtation. A discussion. Regardez en France les batailles sur les chiffres officiels, non officiels, que les experts reconnaîtront (entendait-on au débat entre les deux candidats au graal républicain suprême).

Quelques choix sortent du lot et se font remarquer de leurs compères : en information, le JT de 13h de TF1, joyeux, souriant, plein de douceur des régions et de quotidiens tournés vers l'avenir. Une volonté de ne pas gâcher la journée en plus de la soirée ? ;)
En entreprise, c'est parfois une véritable transparence qui se laisse entrevoir par les gouvernances qui ne peuvent tout cacher ou tout envelopper dans du brillant. Les problèmes (pardon "les marges de progression") existent bel et bien et les défauts (pardon "les axes d'amélioration") de certains dirigeants ne sauraient mettre en péril (pardon "freiner") le développement de notre chiffre d'affaires (pardon encore une fois "de notre projet d'entreprise").

Dès qu'il y a choix, par définition, neutralité n'est plus. Pourquoi les médias français n'assument-ils pas leur choix ? De peur de perdre une partie de leur lectorat ? La sacro-sainte objectivité du journalisme serait-il mise en cause ? Leur fonction d'état encore en vigueur serait-elle menacée ? Questions en suspens. Mais on remarque tout de même que de plus en plus de professionnels de la communication et de l'information créent leur blog, leur tribune personnelle. Etonnant non ?